I/ Des temps de réaction différents


LES FAITS
         L’attentat a eu lieu le 6 août 2011, en début de journée heure locale. Suite à l’incident, le gouvernement américain a mis plus de 12h avant de communiquer publiquement la nouvelle. Toutefois, la nouvelle est parvenue au monde assez rapidement, que ce soit par l’intermédiaire d’envoyés spéciaux déjà sur place, par l’intermédiaire des familles des victimes et par l’intermédiaire des autres membres de la  SEAL Team 6. Les premières autorités à avoir communiqué ont été les autorités afghanes.

WASHINGTON POST
         L’article que nous avons sélectionné, rédigé par le journaliste Craig Whitlock, date du 9 août 2011 et s’intitule « Helicopter investigation focuses on Afghan rescue effort », soit trois jours après l’évènement. Un tel délai de réaction s’explique par le contenu de l’article du Washington Post. En effet, celui-ci n’est pas un simple article d’information. La tradition du journal lui impose de proposer un article de fond, et bien documenté. Contrairement à un média informel, le Washington Post ne peut pas se permettre de publier une correction d’article et c’est ce qui explique la prise de délais importante avant la parution de l’article.
         La mission de l’hélicoptère n’y est pas décrite en détail. L’accent est mis sur l’analyse critique de la stratégie militaire des Etats Unis. Cette approche a nécessité un dialogue avec les autorités militaires peu disposées à communiquer. Le journal cite ainsi ses sources sous couvert d’anonymat. La formule « NATO official said » parcourt l’article.

SEAN LINNANE
         Sean a écrit plusieurs articles à propos de ces attentats. Le premier date du 6 août 2011, quelques heures seulement après l’attentat. Cependant, nous n’avons pas pu trouver cet article sur le blog. L’ayant manifestement écrit à la hâte (cet article contenait notamment une faute sur le type d’hélicoptère qui est entré en jeu dans cette opération), Sean a décidé de l’enlever pour le remplacer par un article plus complet et sans coquille, comme il nous l’a confirmé lors d’un échange par mails que nous avons eu avec lui. Ce premier article, à caractère informatif, avait pour rôle de participer à la propagation de la nouvelle de l’attentat au reste du monde, Sean ayant des contacts privilégiés avec le monde militaire. Nous n’avons cependant pas pu déterminer d’où provenaient ses informations (militaires en action ? services de renseignements généraux ?). Ce premier article peut dont être qualifié de très rapide mais assez peu fiable. Comme il nous l’a indiqué par mails interposés, beaucoup de ses connaissances l’ont pressé d’écrire un article, alors qu’un semblant de rumeur semblait s’instaurer. Son second article est daté du 12 août et intitulé « Meditations on the Chinook Crash ». Ce deuxième jet est écrit dans un style beaucoup plus posé. Il reprend les principales informations concernant l’événement, corrige les quelques approximations commises dans le premier article et développe son sentiment de dégoût vis-à-vis des attentats perpétrés par les Talibans.

AL JAZEERA
         La chaine télévisée Al Jazeera a été également relativement rapide à publier son premier article concernant l’incident, mais cela ne l’empêche pas de citer d’autres quotidiens dans son article (« none of the victims were involved in that raid, the New York Times reported ».), plus rapides qu’elle. N’oublions pas toutefois que l’on ne publie pas aussi facilement un article sur le site d’Al Jazeera que sur une page de blog personnel. En ce sens, cette réponse est rapide, tout du moins plus rapide que cette du Washington Post.
Par ailleurs, le reportage vidéo est surprenant. En effet, on a une retransmission presque en direct de la réaction des Talibans sur les lieux où a eu lieu l’attentat. Ces derniers sont encore armés et fêtent leur « victoire », de retour dans leur village. Ils témoignent de ce qu’ils ont fait et revendiquent l’attentat grâce à leur « matériel de pointe » (expression « latest technology » utilisée dans la vidéo), de vieux lance-roquettes de l’ex-URSS.  « "They wanted to attack our mujahideen who were in a house, but our mujahideen resisted and destroyed a helicopter with a RPG (rocket-propelled grenade) rocket," Taliban spokesman Zabihullah Mujahid said by telephone from an undisclosed location».  De ce point de vue, les journalistes d’Al Jazeera sont bien en plein cœur de l’action.

FACEBOOK
         La page Facebook que nous avons sélectionnée est une page d’hommage aux victimes de l’attentat créée tout de suite après l’événement. Le premier post daté de la page remonte au 6 août à 20h23. Cette page a été créée et alimentée par les familles et les amis des victimes du crash. Elle a donc apporté un éclairage non officiel sur l’évènement et a permis, grâce au fonctionnement de Facebook sous forme de post, la publication des informations concernant l’événement de façon très réactive. Les noms des victimes n’ont par exemple pas été publiés tous en même temps mais au fûr et à mesure. L’engouement pour la page a été très important. Le 7 août, il y avait déjà 7000 « J’aime » sur la page.
         La dernière publication date du 2 décembre, ce qui fait que la page vit depuis 3 mois. La force de cette forme de média est donc de pouvoir recueillir des témoignages sur une longue période et ainsi de suivre l’évolution d’un évènement depuis les toutes premières informations jusqu’aux diverses répercutions de l’évènement. Nous apprenons par exemple dans le fil de commentaires que le taliban responsable de l’attentat a été abattu le 10 août 2011. Et nous pouvons suivre le fil des réactions des gens à l’annonce de cet événement.

CONCLUSION
         On observe deux réactions bien distinctes du point de vue de la rapidité de réponse : Les médias très rapides (mais peut-être moins fiables, ce que nous allons voir par la suite), et les médias plus conventionnels donc plus lents. Le blog de Sean Linnane et la page Facebook s’inscrivent clairement dans la première catégorie. L’article publié par Al Jazeera est intermédiaire, avec une première réponse relativement rapide. Enfin, le Washington Post se montre un peu plus lent. S’il publie un premier article le 8 Août (Afghan helicopter crash reflects peril for special forces), l’article que nous avons choisi (9 Août) est le premier article du Washington Post relativement consistant, car écrit après la publication des noms des victimes par le gouvernement américain (8 Août). N’oublions pas que l’Etat américain a mis plusieurs heures avant de communiquer officiellement la nouvelle. Certains médias ressortent ainsi déjà comme « modernes » (les plus rapides), les autres restant plus « traditionnels ». Une spécificité de ces médias dits modernes est de pouvoir publier des articles en plusieurs fois, sans règles préétablies, n’ayant pas de véritables contraintes comme les médias conventionnels (vérification de la véracité du contenu, etc.), comme nous allons le voir dans la suite.